Interview exclusive avec Mme Hind El Amrani, Directrice Administrative et Financière de la CIMR
Riche d’une forte expérience à l’international en finance dans de grands cabinets d’audit et au sein d’un leader mondial de l’assurance, Mme Hind El Amrani, expert-comptable, a relevé un nouveau défi à son retour au Maroc en intégrant la CIMR en tant que Directrice Administrative et Financière en 2017. Son expérience à la CIMR a été caractérisée par des changements d’envergure ainsi que par la mise en œuvre de nouvelles mesures aux bénéfices des adhérents suite à la crise sanitaire de 2020. Dans cette interview, Mme El Amrani va nous parler de la santé financière de la CIMR ainsi que des mesures entreprises pour épauler les sociétés adhérentes touchées par la crise sanitaire.
Deux ans après le début de la crise sanitaire, pouvez-vous nous donner un aperçu, en quelques chiffres, sur comment se porte la CIMR ?
Il faut dire que l’année 2020, au sein de la CIMR, n’a pas été fortement impactée par la crise COVID en termes de contribution, qui avaient progressé de 2%, mais elle avait plus subi les conséquences de la baisse du marché financier comme la majorité des entreprises.
L’année 2021 peut être qualifiée d’année de retour à la normale où l’ensemble des voyants et des indicateurs de la CIMR sont passés au vert.
En effet, les contributions ont augmenté de 6% pour atteindre 9 milliards de dirhams. Nous avons également enregistré l’entrée de 8191 nouveaux adhérents correspondant à 481 adhésions groupe, pour le compte de 5 200 affiliés et 7 700 adhésions de type 4 pour des personnes ayant choisi la CIMR pour préparer leur retraite de manière individuelle. D’ailleurs, nous sommes heureux de compter actuellement 20 000 adhérents individuels et estimons que le nombre des nouvelles adhésions individuelles avoisinera les 10 000 en 2022.
Les produits financiers quant à eux se sont montés à 3,4 MMDH, soit une progression de 67% par rapport à 2020 et un léger dépassement du niveau de 2019, ce qui reflète la reprise du marché financier. Le portefeuille financier a aussi progressé de 13% pour atteindre 84 MMDH en valeur marché.
Le ratio des frais gestion par rapport aux produits techniques reste stable à 1,38%. Il faut souligner que le niveau de maitrise constant des frais généraux à la CIMR superforme le secteur des assurances. Par ailleurs, en ramenant le montant des frais généraux au total des réserves nous atteignons un ratio de gestion faible à 0,15%, ce qui place la CIMR parmi les caisses de retraites au niveau national et mondial les plus performantes.
Les provisions techniques quant à elle se sont appréciées de 9% passant de 67 MMDH à 73 MMDH avec un taux de croissance annuel moyen de 9.7%.
En résumé, tous nos indicateurs témoignent de la robustesse de notre régime. Nous avons réussi à les préserver et ceci affirme amplement la pérennité de notre caisse.
1.Plusieurs sociétés ont souffert des répercussions engendrées par la Covid sur leurs activités. Quelles mesures avez-vous entreprises pour accompagner les adhérents impactés par cette crise ?
Il est certain que la crise sanitaire a eu un fort impact, souvent préjudiciable, pour notre économie. Plusieurs secteurs d’activité et par conséquent les entreprises qui les constituent, ont vu leurs activités fortement baisser. Ceci n’a pas manqué d’affecter directement certains de nos adhérents.
Il était de notre devoir, de par notre philosophie d’accompagnement, de les assister dans cette période trouble. De ce fait nous avons mis en place des mesures responsables qui offrent à la fois le soutien adéquat tout en préservant la solidité du régime dans l’intérêt de nos propres adhérents. Ces mesures n’ont pas manqué d’être saluées par la CGEM.
Dans le détail ce dispositif d’accompagnement se décline dans les mesures suivantes :
- Abaissement du taux d’intérêt statutaire de 12 % à 9%, et ce, de manière définitive ;
- Des mesures de suspension temporaire de déclaration pour nos adhérents ayant une baisse de chiffre d’affaires d’au moins 60% ;
- Des mesures de report de paiement pour les adhérents ayant une baisse de chiffre d’affaires de plus de 20% pour les trimestres 2020 concernés par le report ;
- Et, en fin, l’application d’un taux spécial de 5% en lieu et place du taux statutaire de 9% pour les contributions de 2020 et 2021 pour une durée d’échéancier pouvant aller jusqu’à 48 mois.
Dans un esprit de solidarité habituel, nous nous efforcerons toujours d’accompagner nos adhérents quelle que soit la conjoncture économique que traverse leur secteur d’activité.
2.C’est devenu une habitude que les sociétés célèbrent la « journée de la femme ». Qu’en pensez-vous ? Et que révèlent les chiffres de la parité de la CIMR ?
Pour commencer, permettez-moi de citer le cinquième objectif de développement durable des Nations Unies : « L’égalité des sexes n’est pas seulement un droit fondamental à la personne, elle est aussi un fondement nécessaire pour l’instauration d’un monde pacifique, prospère et durable ».
Partout dans le monde, force est de constater que les femmes sont sous-représentées aux postes de direction, dans les médias et en politique. A mon sens, il serait judicieux de ne plus parler de « journée de la femme » mais de « journée des droits des femmes » parce qu’il est temps de donner aux femmes, accès exactement aux mêmes droits que les hommes non pas en tant que femmes, mais bien en tant qu’êtres humains.
Au Maroc, durant la dernière décennie, il y a eu des avancées significatives en matière des droits de la femme, notamment à travers la moudouana, des mesures légales antidiscriminatoires. Plus récemment la loi N°17-95 relative aux SA s’est particulièrement attaquée à la notion de représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des organes de gouvernance en mettant en place des dispositions claires et fortes pour une représentativité accrue des femmes dans les hautes fonctions des entreprises. Ce sont là des progrès louables qu’il faut poursuivre et surtout concrétiser !!!
Au sein de la CIMR, plus de la moitié de l’effectif est constitué de femmes, soit 54%. Par ailleurs en tant que Directrice Administrative et Financière, je suis honorée de faire partie du Top Management en compagnie d’autres collègues, représentant ainsi 38% du Comité de Direction. Et je suis encore plus fière d’être membre d’une organisation qui a l’ambition et la préoccupation de garantir l’égalité de traitement avec les hommes.